L’île de La Désirade, terre rocailleuse balayée par les vents

Titelbild
La plage de Beauséjour, commune principale de La Désirade. ( Frederique Privat / La Grande Époque)
Von 2. Januar 2008

Située seulement à quelques encablures de Saint-François, station balnéaire du sud-ouest de la Guadeloupe, l’île de la Désirade s’étale, telle une barque renversée, sur une étendue de plaines et de montagnes. Mystère géologique puisqu’elle constitue en fait un gros récif corallien posé sur une base volcanique sous-marine, cas unique dans les Petites Antilles…

Cette petite île de 22 km² doit son nom à l’impatience de Christophe Colomb qui, recherchant de l’eau douce lors d’un de ses nombreux voyages, aborda ce morceau de terre sans avoir la chance de découvrir ses quelques sources. Car la Désirade semble à première vue une terre aride où l’eau et et les plantes ont du mal à trouver leur place au soleil, ardent sous ces latitudes…

C’est d’ailleurs ce que ressentirent certainement les premiers colons, puisque l’île fut rapidement assignée à l’isolement et aux soins de ceux qui étaient médicalement ou socialement indésirables, à savoir les lépreux, provenant de Guadeloupe et les « mauvais sujets » venant tout droit du royaume de France. En effet, une ordonnance royale du 5 juillet 1763 avait ainsi décrété la déportation hors de métropole de « jeunes gens tombés dans des cas de dérangement de conduite, capables d’exposer l’honneur et la tranquillité des familles… ». C’est ainsi que l’île vit arriver quelques dizaines de ces jeunes dont les descendants peuplent encore cette terre. En outre, les vestiges de la léproserie située dans le hameau de Baie-Mahault sont encore visibles pour tout visiteur un peu curieux du passé.

Parallèlement, l’île fut peu à peu habitée par des colons, d’origine bretonne notamment, qui surent, malgré l’apparence inhospitalière du site, tirer partie du caractère insulaire en y développant la pêche.
Trois siècles plus tard, rien n’a changé ou presque, la léproserie a bien sûr disparu, mais l’agriculture y est toujours aussi inexistante à cause du manque d’eau douce. Cette eau arrive pourtant maintenant de la Guadeloupe par le biais d’un réseau de câbles sous-marins. Et la pêche demeure la principale ressource économique de la population. « Mais », vous dira le chauffeur de mini-bus qui se fera un réel plaisir de vous dévoiler son île, « quelle ressource ! » Car la Désirade réussit tout de même à fournir 60 % de la consommation de poissons en Guadeloupe !

Au-delà de l’aspect économique, c’est bien la tranquillité qui constitue le principal atout-charme de l’île, certainement l’un des derniers bastions à travers tout l’archipel guadeloupéen où il fait bon vivre simplement en étant proche de la nature inchangée, et loin des hôtels de luxe, boites de nuits ou autres casinos porteurs de plaisirs artificiels pourtant dits « civilisés ».

Avec la nuit tombée, les villageois vont ainsi tranquillement profiter de la fraîcheur du soir retrouvée, devisant sur le pas de leur porte ou encore faisant claquer des dominos sous la brise protectrice des cocotiers.

Géographiquement, La Désirade dévoilera de multiples facettes à celui qui saura reconnaître ses paysages demeurés intacts et sauvages. Pour ce faire, des activités de pleine nature telle la randonnée, permettront ainsi de sillonner « la Montagne », vaste plateau culminant à 273 mètres et qui occupe toute une moitié inhabitée de l’île, amenant à jouir au final d’une vue inoubliable du littoral et des îles environnantes.
Les deux extrémités de l’île surprendront peut-être de par la diversité des paysages, étonnant sur une si petite surface : une côte occidentale plus boisée sur le littoral, s’amenuisant avec l’altitude au point de se croire presque dans le maquis corse, avec en prime la cueillette de petites olives, surprenant encore une fois sous ces latitudes.

La côte orientale, aride et balayée par les vents, vous plongera dans un décor quasi irlandais, avec en prime le phare perdu au milieu de nulle part et l’ancienne station météorologique à l’architecture type années 30 digne de figurer dans les meilleurs films hitchcockiens…

Et quand vos yeux auront pleinement profité de ces panoramas insolites sous les tropiques, vous pourrez encore décider d’y ajouter ceux du monde sous-marin, afin d’aller à la rencontre des multiples coraux, éponges et autres poissons colorés qui peuplent ce monde du silence…

Pour les adeptes du farniente, de nombreuses et longues plages de sable fin et blond, parsemées de cocotiers à l’ombre salvatrice, seront les bienvenus pour ne plus penser qu’à la baignade ou au menu de fruits de mer fraîchement pêchés que l’on dégustera à midi…



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